15 x 20 cm
88 pages
978-2-84809-239-3
11 €
Ici, Dita, survolant les côtes, tombe près de Nantes et du lac de Grand Lieu. La voilà happée, comme appelée par la légende de l'île de Dun, laquelle met en scène un géant enfermé dans un puits et une jeune fille censée le délivrer.
Hantée par leurs voix, Dita Kepler se dédouble, devient le géant et la jeune fille dès qu'elle approche de l'île. Mais un dialogue entre eux est-il possible ? Et qu'en est-il de cet avion qui plane sans cesse au-dessus du lac, fascine la jeune fille, la détourne de sa mission ?
Grandlieu depuis le ciel
L’association L’Esprit du lieu accueille des écrivains en résidence d’auteur. Anne Savelli, qui a notamment publié Franck (Stock) et Décor Lafayette (Inculte), a séjourné à Bouaye, au château de la Sénaigerie, à deux pas du lac de Grandlieu, comme l’avait fait, il y a peu, Sylvain Coher, à Saint-Lumine-de-Coutais.
Chacune de ses haltes a donné naissance à un mince volume qui répond au même cahier des charges, ainsi énoncé par Anne Savelli : « Ce lac il faudrait en parler. Ce n’est pas n’importe qui non plus. Ce lac, qui en parle le mieux ? Les pêcheurs, les chasseurs, les écologistes ? Les pilotes d’avion, les guides touristiques, les habitants, les poissons, les oiseaux ? Les microparticules ? Faut-il le voir de haut ? L’approcher par les champs ? Faut-il y mettre la main, le pied ? En fendre la surface en canot à moteur ? »
Anna Savelli a choisi l’approche aérienne. Non seulement parce qu’elle met en scène Data Kepler, un personnage du jeu en ligne Second Life, l’avatar de l’écrivain en somme, un être virtuel qui survole les côtes avant de tomber à Grandlieu. Mais aussi parce que, selon l’antique tradition des quatre éléments, son récit est tout entier habité par l’air, tandis que celui de Sylvain Coher nous attirait au pays des eaux dormantes, dans un « entre-deux d’eau et de terre ». Question de tempérament.
À vrai dire, ce point de vue d’en haut est celui de bien des Nantais quand leur avion décolle de l’aéroport tout proche. Ceux d’entre eux qui auront lu Anne Savelli s’offriront à travers le hublot une vision renouvelée : « D’ici le lac s’épanouit, papillonne, ouvre deux ailes autour d’un corps très mince, canal qui serpente comme une colonne de fumée. Se rétracte, se contracte, en hiver, en été. Joue des couleurs et de son miroitement. » Les livres sont aussi faits pour laver notre regard. n
Thierry Guidet, Place publique #48, novembre 2014